“Je ne suis pas fait pour ça!”, explique tristement un enfant de six ans, en me montrant une feuille de papier avec trois additions et une soustraction. Il est déçu et triste. Il aurait voulu calculer les noix de l’écureuil et les carottes du lapin mais “3 + 2” lui semble être un calcul qui ne peut être résolu que par les champions de la classe. Nous nous appuyons ensemble sur les additions. Nous comptons avec les doigts, avec des figurines. Nous dessinons. Un quart d’heure plus tard le garçonnet résout les problèmes sans trop de difficulté. Le lendemain, face à d’autres problèmes mathématiques, il ronge le bout de son crayon et fait courir tout un troupeau de moutons verts sur les murs de la classe. Quelque part dans sa tête, quelqu’un a gravé une étiquette: “impropre aux mathématiques”. S’il « n’est pas fait » pour les mathématiques et les nombres, à quoi ça sert d’essayer de faire des additions? De toute façon, il ne réussira pas. L’effort est inutile. Mieux vaut jouer avec les moutons verts.
Malheureusement, nombreux sont les enfants qui viennent à l’école avec la tête pleine d’étiquettes négatives et les rêves pliés sous le poids des croyances négatives. Ils restent sans bouger, comme des bocaux dans les placards, chacun avec sa propre étiquette, chacun avec le couvercle en dessous duquel il n’ose pas sortir. Ils n’ont que cinq, sept, dix ans, mais quelqu’un a gravé quelque part dans leur cerveau qu’ils “ne sont pas faits pour ça”, qu’ils “ne peuvent pas faire ça”, que “ce n’est pas pour eux” … et que ce sera pour toujours, que leur mauvaise adaptation ne changera jamais.
Étiquettes négatives “faites-maison”
Beaucoup d’étiquettes toxiques, les enfants les ont attrapées directement à la maison, auprès de leurs parents. Pour les réconforter face à un échec mineur, lorsqu’ils étaient bouleversés ou dans les dialogues habituels, les parents sèment des étiquettes toxiques : “Tu n’obtiendras jamais rien de bon”, “Les études ne sont pas pour toi “,” Tu as deux mains gauches “,” Tu es un paresseux”,” Laisse tomber, ce n’est pas pour toi “,” Tu es bon à rien “.
Trois mots lancés par les parents s’enracinent et se développent comme un baobab dans l’esprit fragile de l’enfant, puis parasitent tous ses rêves et désirs. L’enfant ne sait pas qui “il” est. Il se recherche dans les mots des parents et des enseignants, dans leurs gestes et aptitudes envers lui. Nos mots, l’enfant les considère comme un miroir. Si, selon nos mots, il est mauvais, l’enfant commencera par penser qu’il est mauvais, puis “le mal” s’installera de plus en plus dans ses gestes et comportements.
Soyez prudent quand vous parlez à votre enfant.
Lorsque vous avez froid, vous portez votre main à votre bouche chaque fois que vous venez de tousser. Faites de même lorsque vous êtes nerveux, en détresse, méfiant. Protégez votre enfant des “virus” de votre angoisse, de votre méfiance et de votre désespoir
N’utilisez pas de mots négatifs pour réveiller l’ambition de votre enfant, car vous ne savez pas lesquels de vos mots vont pousser de travers dans son esprit. Au lieu d’être des moteurs pour son développement, ces mots deviendront des monstres qui bloquent toutes les portes de la connaissance.
N’ayez pas peur quand vous voyez que votre enfant tombe. N’ayez pas peur quand vous le voyez triste. N’ayez pas peur lorsqu’ il arrive à la maison avec une mauvaise note. N’ayez pas peur. C’est une mauvaise vague mais votre confiance aidera l’enfant à l’affronter.
Tout ce qui intéresse l’enfant et le motive EST pour lui. Face un échec la question n’est pas : Continuer ou pas ? mais Comment s-y prendre pour réussir? Analysez le potentiel de l’enfant et ses besoins et bâtissez ensemble une stratégie qui l’aidera à se relever, l’aidera à surmonter ses échecs avec calme et confiance.
Lorsque vous repérez des problèmes majeurs, consultez le médecin, mais ne faites pas de son diagnostic une pierre tombale pour tout le potentiel de l’enfant.
En tant que parent, lorsqu’un problème majeur survient, vous devriez évidemment consulter un médecin. Le rôle du médecin est d’observer où se trouve “le nœud” et de poser un diagnostic. Mais le diagnostic ne doit pas être pris comme une pierre tombale sous laquelle on enterre tout le potentiel de l’enfant. Le diagnostic est pour le parent et l’enseignant un guide qui donne des indications sur “un nœud”, et implicitement permet d’adapter les méthodes et les outils qui faciliteront les apprentissages.
Quelque soient les problèmes et les diagnostics, tout enfant peut apprendre. Peut-être il n’apprendra pas en utilisant les méthodes classiques, peut-être il n’apprendra pas aussi vite et autant que les autres enfants de son âge, mais avec certains ajustements il sera capable d’apprendre. Il suffit de regarder ces parents qui ne se sont pas laissés abasourdis par un diagnostic et ont réussi à élever leurs enfants à un niveau que personne ne pensait jamais atteindre.
Combattez les étiquettes toxiques du vocabulaire de l’enfant
À l’école, dans la rue, l’enfant peut “choper” des étiquettes toxiques. Déracinez-les! Parlez à l’enfant, expliquez-lui ! Mais ne vous résumez pas à seulement quelques paroles. Les enfants apprennent en réalisant. Donnez à l’enfant la possibilité de faire des choses qui augmenteront sa confiance en lui. Donnez-lui un peu de responsabilité à la maison et félicitez-le chaque fois qu’il parvient à faire quelque chose de bien. Motivez-le quand il se sent un peu dépassé. Et surtout, ne faites pas à sa place les tâches qu’il peut accomplir avec peu d’effort.
Lorsque vous faites les devoirs à la place de l’enfant, lorsque vous faites le ménage à la place de l’enfant, lorsque vous faites quelque chose à la place de l’enfant, vous lui montrez implicitement qu’il n’est pas en mesure de le faire, et vous arrosez la graine d’une étiquette toxique.
Faites des bons et grands rêves pour votre enfant
Nous vivons tous quelque part dans les rêves de nos parents. Beaucoup de nos réalisations, beaucoup de nos joies n’étaient au départ que des étoiles de fumée dans les miroirs à parole de nos parents.
Soyez ce miroir qui permettra à l’enfant de prendre confiance en ce qu’il peut faire de bien pour ce monde. Si chaque jour, nous stimulons le potentiel de l’enfant, si chaque jour nous mettons en évidence quelque chose de positif, l’enfant pensera qu’il est bon et grandira bon. Avec nos paroles, nous arroserons les bonnes graines qui germeront et son esprit deviendra un jardin.