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Comment développer la pensée critique chez l’enfant

Dans la maison du futur, où les intelligences artificielles tels que des gentilshommes courtois se pavanent dans le cyberespace, on pourrait aisément croire que l’Homme puisse enfin se prélasser, délaissant le fardeau de la réflexion. Hélas, tel n’est point le cas ! En vérité, c’est précisément en cette période florissante que la pensée critique s’impose comme une nécessité incontournable. Confrontés à un déferlement incessant d’informations, les êtres humains se doivent d’être en mesure de les interroger, de les remettre en question et de les confronter.

Dans la jungle foisonnante de données, la pensée critique se révélera être la boussole précieuse guidant tout voyageur en quête d’un chemin sage et éclairé.

définition

La pensée critique est une compétence mentale qui permet d’examiner de manière approfondie les informations, de considérer des perspectives différentes et contradictoires, de reconnaître les biais et les préjugés, et de poser des questions pertinentes pour parvenir à une conclusion ou à une décision rationnelle.

 La pensée critique repose sur un faisceau de compétences telles que : savoir chercher et évaluer des informations, réfléchir de manière logique et construire des arguments, être conscient de sa propre pensée et apprendre de ses erreurs, accepter de remettre en question ses propres opinions.

exemples

Exemples d’utilisation de la pensée critique dans la vie courante

La pensée critique nous permet de décrypter les fakenews, d’évaluer la crédibilité des sources d’information, d’analyser les arguments politiques et économiques présentés dans les médias.

La pensée critique intervient aussi lorsque l’on décide d’acheter un produit en ligne, lorsque l’on examine les critiques de clients, les caractéristiques du produit, les options de livraison, et les prix pour éviter les escroqueries et les arnaques. 

Exemples d’utilisation de la pensée critique dans la vie professionnelle 

Les chercheurs utilisent pour concevoir des hypothèses, concevoir des expériences, analyser les données et tirer des conclusions objectives.

Les avocats et les juges utilisent la pensée critique pour évaluer les preuves, les témoignages et les arguments juridiques, afin de prendre des décisions équitables et justes.

Les analystes financiers utilisent la pensée critique pour évaluer les risques et les avantages des investissements, en analysant les données financières, les tendances du marché et les facteurs économiques.

Les professionnels de la santé utilisent la pensée critique pour diagnostiquer les maladies, évaluer les options de traitement et prendre des décisions médicales éclairées.

Exemples de l’utilisation de la pensée critique par les enfants : 

Lorsque les enfants demandent de les laisser veiller tard, ou de leur acheter un jouet coûteux ils utilisent la pensée critique pour argumenter et convaincre les parents. 

Lorsque les enfants discutent avec leurs amis de l’existence du Père Noël, ils peuvent utiliser la pensée critique pour analyser les preuves, poser des questions et finalement arriver à leur propre conclusion.

Lorsque les enfants remettent en question les règles établies par leurs parents, ou par la société ils utilisent leur pensée critique pour formuler leurs revendications. 

activités et jeux pour favoriser le développement de la pensée critique : 

Exemples d’activités

a. Visiter un musée ou un site historique

b. Explorer un parc naturel ou participer à une sortie éducative

c. Regarder un documentaire ou un film éducatif ensemble

d. Lire des livres qui traitent de sujets variés et intéressants

e. Discuter et débattre sur les sujets qui intéressent l’enfant 

Exemples de jeux

a. Jeux de société stratégiques (échecs, dames, etc.)

b. Jeux de résolution de problèmes et de logique (Casse-tête, Sudoku, etc.)

c. Jeux de rôle où les enfants peuvent explorer différentes perspectives

d. Jeux-questionnaires pour stimuler la curiosité et la réflexion

e. Jeux créatifs qui encouragent l’imagination et la prise de décision

attitudes

Attitudes à adopter pour favoriser la pensée critique :

a. Répondre aux questions de l’enfant avec patience et intérêt

b. Poser des questions à l’enfant pour l’aide à trouver les réponses et pour stimuler sa curiosité

c. Encourager l’enfant à explorer différentes solutions et points de vue

d. Valoriser l’échange d’idées et le débat constructif

e. Aider l’enfant à identifier et à évaluer les sources d’information

Attitudes à éviter pour ne pas entraver la pensée critique

a. Minimiser ou ignorer les questions de l’enfant

b. Fournir des réponses toutes faites ou décourager l’enfant de chercher des réponses par lui-même

c. Rejeter les opinions de l’enfant sans explication ou ne pas lui donner l’occasion de s’exprimer

d. Imposer ses propres opinions ou idées sans laisser de place à la réflexion

e. Décourager l’enfant à poser des questions ou à remettre en question les informations reçues

L’éducation face aux défis du futur

Imaginez un endroit où nos maisons sont si futées qu’elles devinent nos envies avant même que nous les ayons ! Un lieu où l’on passe notre temps à résoudre des énigmes dignes d’un escape game intergalactiques et où l’on collabore avec une légion de robots plus mignons que R2-D2 et Wall-E réunis. Cet endroit, c’est le futur, et nos enfants en seront les résidents.

Bien que ce lieu semble être un rêve éveillé, captivant et merveilleux, il dissimule en réalité un labyrinthe d’incertitudes et de dangers pour les imprudents et les mal préparés.

En effet, pour survivre dans ce futur dystopique il faudra non seulement apprivoiser des machines dotées d’une intelligence artificielle effroyablement puissante, mais aussi maîtriser de nouvelles compétences en un éclair et faire équipe avec des robots aussi emphatiques qu’une porte de prison et des collègues éparpillés aux quatre coins du monde. Et comme si ce n’était pas assez, il faudra aussi prendre des décisions éclairées, en faisant preuve d’un esprit critique aiguisé.  

Autant à la maison qu’à l’école, nous ne pouvons plus nous reposer sur les vieilles méthodes éducatives et continuer à cultiver uniquement la mémoire et l’obéissance des enfants. Le développement de la pensée critique, de la communication efficace, de la capacité à résoudre des problèmes, de l’adaptabilité, du savoir apprendre et de la créativité doivent être intégrés en filigrane dans tous les manuels scolaires, dans tous les cahiers d’écoliers et dans toutes les activités proposées aux enfants. La tâche ne sera pas facile car ces objectifs, poursuivis de manière déséquilibrée, dysharmonique et sauvage, seront source de plus de dérapages que de réussites, surtout lorsque le bouton de la pensée critique est actionné de manière inappropriée. 

Comment combattre le manque de confiance en soi de l’enfant

“Je ne suis pas fait pour ça!”, explique tristement un enfant de six ans, en me montrant une feuille de papier avec trois additions et une soustraction. Il est déçu et triste. Il aurait voulu calculer les noix de l’écureuil et les carottes du lapin mais “3 + 2” lui semble être un calcul qui ne peut être résolu que par les champions de la classe. Nous nous appuyons ensemble sur les additions. Nous comptons avec les doigts, avec des figurines. Nous dessinons. Un quart d’heure plus tard le garçonnet résout les problèmes sans trop de difficulté. Le lendemain, face à d’autres problèmes mathématiques, il ronge le bout de son crayon et fait courir tout un troupeau de moutons verts sur les murs de la classe. Quelque part dans sa tête, quelqu’un a gravé une étiquette: “impropre aux mathématiques”. S’il « n’est pas fait » pour les mathématiques et les nombres, à quoi ça sert d’essayer de faire des additions? De toute façon, il ne réussira pas. L’effort est inutile. Mieux vaut jouer avec les moutons verts. 

Malheureusement, nombreux sont les enfants qui viennent à l’école avec la tête pleine d’étiquettes négatives et les rêves pliés sous le poids des croyances négatives. Ils restent sans bouger, comme des bocaux dans les placards, chacun avec sa propre étiquette, chacun avec le couvercle en dessous duquel il n’ose pas sortir. Ils n’ont que cinq, sept, dix ans, mais quelqu’un a gravé quelque part dans leur cerveau qu’ils “ne sont pas faits pour ça”, qu’ils “ne peuvent pas faire ça”, que “ce n’est pas pour eux” … et que ce sera pour toujours, que leur mauvaise adaptation ne changera jamais. 

Étiquettes négatives “faites-maison”

Beaucoup d’étiquettes toxiques, les enfants les ont attrapées directement à la maison, auprès de leurs parents. Pour les réconforter face à un échec mineur, lorsqu’ils étaient bouleversés ou dans les dialogues habituels, les parents sèment des étiquettes toxiques : “Tu n’obtiendras jamais rien de bon”, “Les études ne sont pas pour toi “,” Tu as deux mains gauches “,” Tu es un paresseux”,” Laisse tomber, ce n’est pas pour toi “,” Tu es bon à rien “.

Trois mots lancés par les parents s’enracinent et se développent comme un baobab dans l’esprit fragile de l’enfant, puis parasitent tous ses rêves et désirs. L’enfant ne sait pas qui “il” est. Il se recherche dans les mots des parents et des enseignants, dans leurs gestes et aptitudes envers lui. Nos mots, l’enfant les considère comme un miroir. Si, selon nos mots, il est mauvais, l’enfant commencera par penser qu’il est mauvais, puis “le mal” s’installera de plus en plus dans ses gestes et comportements.

Soyez prudent quand vous parlez à votre enfant.

Lorsque vous avez froid, vous portez votre main à votre bouche chaque fois que vous venez de tousser. Faites de même lorsque vous êtes nerveux, en détresse, méfiant. Protégez votre enfant des “virus” de votre angoisse, de votre méfiance et de votre désespoir

N’utilisez pas de mots négatifs pour réveiller l’ambition de votre enfant, car vous ne savez pas lesquels de vos mots vont pousser de travers dans son esprit. Au lieu d’être des moteurs pour son développement, ces mots deviendront des monstres qui bloquent toutes les portes de la connaissance.

N’ayez pas peur quand vous voyez que votre enfant tombe. N’ayez pas peur quand vous le voyez triste. N’ayez pas peur lorsqu’ il arrive à la maison avec une mauvaise note. N’ayez pas peur. C’est une mauvaise vague mais votre confiance aidera l’enfant à l’affronter. 

Tout ce qui intéresse l’enfant et le motive EST pour lui. Face un échec la question n’est pas : Continuer ou pas ? mais Comment s-y prendre pour réussir? Analysez le potentiel de l’enfant et ses besoins et bâtissez ensemble une stratégie qui l’aidera à se relever, l’aidera à surmonter ses échecs avec calme et confiance.

Lorsque vous repérez des problèmes majeurs, consultez le médecin, mais ne faites pas de son diagnostic une pierre tombale pour tout le potentiel de l’enfant.

En tant que parent, lorsqu’un problème majeur survient, vous devriez évidemment consulter un médecin. Le rôle du médecin est d’observer où se trouve “le nœud” et de poser un diagnostic. Mais le diagnostic ne doit pas être pris comme une pierre tombale sous laquelle on enterre tout le potentiel de l’enfant. Le diagnostic est pour le parent et l’enseignant un guide qui donne des indications sur “un nœud”, et implicitement permet d’adapter les méthodes et les outils qui faciliteront les apprentissages.

Quelque soient les problèmes et les diagnostics, tout enfant peut apprendre. Peut-être il n’apprendra pas en utilisant les méthodes classiques, peut-être il n’apprendra pas aussi vite et autant que les autres enfants de son âge, mais avec certains ajustements il sera capable d’apprendre. Il suffit de regarder ces parents qui ne se sont pas laissés abasourdis par un diagnostic et ont réussi à élever leurs enfants à un niveau que personne ne pensait jamais atteindre.

Combattez les étiquettes toxiques du vocabulaire de l’enfant

À l’école, dans la rue, l’enfant peut “choper” des étiquettes toxiques. Déracinez-les! Parlez à l’enfant, expliquez-lui ! Mais ne vous résumez pas à seulement quelques paroles. Les enfants apprennent en réalisant. Donnez à l’enfant la possibilité de faire des choses qui augmenteront sa confiance en lui. Donnez-lui un peu de responsabilité à la maison et félicitez-le chaque fois qu’il parvient à faire quelque chose de bien. Motivez-le quand il se sent un peu dépassé. Et surtout, ne faites pas à sa place les tâches qu’il peut accomplir avec peu d’effort.

Lorsque vous faites les devoirs à la place de l’enfant, lorsque vous faites le ménage à la place de l’enfant, lorsque vous faites quelque chose à la place de l’enfant, vous lui montrez implicitement qu’il n’est pas en mesure de le faire, et vous arrosez la graine d’une étiquette toxique.

Faites des bons et grands rêves pour votre enfant

Nous vivons tous quelque part dans les rêves de nos parents. Beaucoup de nos réalisations, beaucoup de nos joies n’étaient au départ que des étoiles de fumée dans les miroirs à parole de nos parents.

Soyez ce miroir qui permettra à l’enfant de prendre confiance en ce qu’il peut faire de bien pour ce monde. Si chaque jour, nous stimulons le potentiel de l’enfant, si chaque jour nous mettons en évidence quelque chose de positif, l’enfant pensera qu’il est bon et grandira bon. Avec nos paroles, nous arroserons les bonnes graines qui germeront et son esprit deviendra un jardin.